Camel Rock Brewery
- maxoumessageot
- 16 mars
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 avr.
Commis cuisine dans une brasserie
Nous arrivons à Wallaga Lake deux jours avant l'ouverture de la brasserie, Nous allons à la plage dans l'après-midi pour voir le fameux rocher dont la brasserie porte le nom. Comme son nom l'indique, le "Camel Rock" est censé ressembler à un chameau.
On vous laisse vous faire votre propre avis avec la photo ci dessous (c'est le rocher en arrière plan):

L'ouverture de la brasserie est donc le mercredi 18 décembre. Nous rencontrons la propriétaire ainsi que le chef le mardi 17 et je suis convoquée pour travailler ce jour-là. Max commencera le lendemain, pour l'ouverture.
La cuisine n'a pas été utilisée depuis plusieurs mois et est dans un sale état
La journée consiste surtout à faire du nettoyage pour que nous puissions travailler dans un meilleur environnement le lendemain. Le chef fait quelques préparations en parallèle mais il est difficile d'imaginer que nous serons prêts à ouvrir le lendemain.

Max et moi avons hâte de commencer : Cependant, nous appréhendons, car nous ne nous sentons pas vraiment prêts : nous ne connaissons pas la carte. Nous commençons à 10h30 le lendemain matin, et la brasserie ouvre seulement une heure plus tard, ce qui nous laisse peu de temps pour être prêts.
Au final, les premiers services se passent plutôt bien. Il n'y a pas trop de monde et cela permet au chef de nous expliquer les différents plats et nos différents rôles.
Max est au poste de friture. Il s'occupe donc de la cuisson des calamars, schnitzel, fish and chips, frites. C'est lui qui reçoit probablement le plus de commandes.
Le chef est aux cuissons ; il prépare donc les burger, le steak, le saumon et les pâtes.
Quant à moi, je suis au passe : Je m'occupe du dressage des salades et des desserts et donc de l'envoi.
Nous servons des plats très typiques des brasseries en bord de mer en Australie.
Nous travaillons dans une ambiance plutôt bonne, les préparations ne sont pas compliquées mais, nous sommes amenés à faire beaucoup de couverts et ça peut devenir stressant lorsque tous les bons de commande sortent au même moment.
C'est un rythme à prendre. En général quand nous arrivons le matin nous préparons ce qu'il faut pour le service ; nous avons une heure pour être prêts. Ensuite, nous passons à la mise en place (les préparations pour être prêts pour les services suivants) tant que c'est un peu calme.
La cuisine est ouverte en continu, donc nous devons vérifier nos préparations tout au long de la journée pour être sûrs de tenir jusqu'au soir. En cela, ça diffère beaucoup de ce que nous connaissons en pâtisserie et boulangerie. Nous ne pouvons pas vraiment faire du stock d'avance ici. Les productions ne peuvent pas être congelées, et les découpes se font donc au jour le jour.


Nous commençons donc ce boulot avec de très gros horaires. Nous avons une application pour nos heures travaillées et nos plannings (deputy). C'est le même principe qu'une badgeuse sauf que c'est directement sur notre téléphone. Quand nous arrivons au travail, nous activons le début de notre service, nous indiquons egalement nos pauses et quand nous terminons. Ça change de nos expériences en boutiques, et ça fait plaisir de recevoir des fiches de paies où toutes nos heures sont payées. Nous sommes également payés davantage les week-ends et jours fériés, ce qui est rarement le cas en France, dans la restauration.
Les trois premières semaines, nous faisons donc 53 heures par semaine. Nous faisons des journées de 9h30 en commençant à 10h et en terminant à 20h avec 30 minutes de pause. Cela nous fait plaisir. Ça change de la ferme de cerises , de l'argent entre enfin sur notre compte bancaire. Nous avons une vraie capacité d'économie ici avec de tels horaires. Nous grignotons souvent au travail, ce qui fait que nous ne mangeons quasiment pas à la maison. Nous avons une boisson offerte à chaque fin de service. Tout cela réduit nos dépenses habituelles et nous permet de mettre de coté environ 900 dollars chacun par semaine.
Lors de notre premier week-end off, nous allons à Canberra récupérer nos vélos le lundi, et nous profitons des deux jours suivants pour fêter le réveillon et noël juste à deux. C'est très étrange de se retrouver aussi loin de chez soi à une période où tout le monde se réunit et passe du temps en famille, mais on essaie de profiter quand même de ces journées.
Notre four n'est vraiment pas top, et nous n'avons pas de matériel de pâtisserie dans notre bungalow, mais nous parvenons quand même à faire un tiramisu pour l'occasion. Nous nous échangeons des petits cadeaux et décidons de passer la journée à la plage et à la piscine.
Un voisin s'installe dans la maison avoisinant notre bungalow et son petit Jack Russel "Misty" vient nous faire la fête. Cette petite chienne, accro à son jouet en forme de banane, devient notre super copine, nous jouons avec elle et la laissons même entrer dans l'appartement avec nous de temps en temps.

Max achète une canne à pêche et va pêcher avec Hannes et Patrick la plupart du temps. Parfois nous y allons aussi juste tous les deux.
On savoure vraiment les week-ends avec les horaires que nous faisons.
Malgré le plaisir d'économiser, après quelques semaines, nous nous rendons compte que ça commence tout de même à faire beaucoup. Nous avions parlé de faire entre 25 et 40 heures par semaine lors de l'entretien et nous nous retrouvons à en faire plus de 50. Après le boulot, nous n'avons plus vraiment d'énergie pour faire autre chose, et avons l'impression de ne pas pouvoir déconnecter.
Nous demandons donc à notre chef s'il serait possible d'allonger la pause à 45 minutes pour avoir au moins le temps de manger tranquillement.
Au final, vu que l'affluence s'est calmée, le chef décide de nous donner deux heures de pause entre 14 et 16 heures tous les jours. En effet, c'est en général la période creuse de la journée, et quand il n'y a pas de clients nous en venons à nous ennuyer.
Nous sommes contents de ce changement, même si nos journées restent longues. En effet, les premières semaines, c'était la découverte d'un nouveau rythme, de nouveaux plats et d'un nouvel environnement mais plus le temps passe, moins nous nous plaisons ici. Par souci de rentabilité, le chef commence à commander beaucoup de produits surgelés, et nous faisons de moins en moins de produits frais. Nous n'avons plus vraiment l'impression d'apprendre quoi que ce soit, ce qui rend notre travail moins motivant. Le chef n'a pas l'air non plus passionné. Il fait son boulot et ne cherche pas forcément à faire plus que ce qu'il sait déjà faire. L'environnement n'est globalement pas très motivant.
Nous sommes habitués à faire de gros horaires et le problème ne vient pas de là. Nous sommes des bosseurs et n'aurions aucun soucis à faire ces horaires-là dans un cadre passionnant. Le véritable problème vient du fait que nous n'avons pas l'impression d'apprendre. Les postes dans la restauration peuvent être durs, mais en valoir la peine quand on aime ce qu'on fait. Or, ici, nous n'avons même pas vraiment envie d'aller au boulot le matin. Le chef perd son calme quand il y a beaucoup de clients, et s'énerve de façon vraiment aléatoire. L'ambiance devient froide ; il ne nous parle pratiquement plus. Nous n'avons vraiment pas l'impression de gagner quoi que ce soit avec ce boulot ( à part de l'argent). Nous nous disons que nous n'avons pas voyagé à l'autre bout du monde pour faire un job non gratifiant que nous pourrions faire en France et commençons donc à nous dire que nous ne voulons pas rester trois mois ici comme prévu initialement.
Trop de choses sont en désaccord avec notre façon de penser et nous commençons donc à chercher ailleurs. Notre trail près de Sydney est en mai, et nous regardons donc les opportunités de travail dans les alentours. Depuis que nous sommes arrivés en Australie nous pensons à faire un volontariat avec des animaux. Nous décidons donc de contacter les différents sanctuaires et zoos, jusqu'à finalement trouver un bénévolat dans les Blue Mountains. Le cadre semble parfait, cela nous permettrait de comptabiliser pour nos 88 jours et de ne pas dépenser trop de sous car nous serions logés. Le gérant du volontariat nous dit qu'il a de la place pour nous et que nous pourrions arriver n'importe quand, il faudrait juste le prévenir quelques jours avant. Nous avons prévu de rester encore un mois à la brasserie, histoire d'économiser, mais nous aimerions prévenir nos supérieurs dès maintenant pour qu'ils aient le temps de trouver des personnes pour nous remplacer.
Nous sommes super contents, même si nous appréhendons un peu de le dire au chef et à notre patronne car nous ne savons pas comment ils vont réagir. Au final, cela se passe extrêmement bien, et ça améliore même l'ambiance au travail. Nous arrivons à nous détacher du boulot en nous disant qu'il ne nous reste plus que quelques semaines ici. Nous reprenons le sport, et nous essayons de profiter de la mer et de l'endroit où nous sommes.
Nous allons un week-end à Narooma en bikepacking pour tester notre matériel de camping car nous n'en n'avions pas encore eu l'occasion.
Nous allons faire le trajet de Wallaga Lake à Sydney à vélo et préparons donc notre itinéraire. Nous avons tellement hâte des projets à venir que ça nous permet de profiter des dernières semaines ici.
Nous découvrons aussi un endroit magnifique tout proche de chez nous : "Blue pool" à Bermagui. En Australie, il existe beaucoup de piscines naturelles sur la côte, le cadre est incroyable pour faire un peu de sport ou juste se baigner. Ici, il y a aussi des phoques tout autour de la piscine (Nous avons essayé de les prendre en photo, mais à chaque fois que nous y sommes allés ils se baignaient dans la mer agitée, rendant la tâche compliquée)
Plusieurs personnes viennent faire des journées d'essai au travail et nos horaires diminuent donc de jour en jour. Cela nous permet d'avoir pas mal de temps libre et de préparer notre départ et notre trajet. Au bout de deux semaines, nous sommes déjà remplacés et prêts à partir, nous ne pensions pas que ca irait aussi vite mais nous n'en sommes pas mécontents non plus.
Quelques jours avant notre départ, Max est pris d'une envie de se couper les cheveux. En réalité, ça fait un moment qu'il y pense mais il n'ose pas par peur de regretter. Il en parle depuis tellement longtemps que je lui dis que s'il veut tester, c'est maintenant. Ces cheveux auront le temps de bien repousser d'ici notre retour. Nous réalisons donc un atelier coiffure à la maison. C'est simple ; il n'a qu'un seul sabot, nous rasons donc tout à la même taille (3mm).
Le résultat donne un peu l'impression qu'il sort de prison mais Max est content de ce changement.
Apparemment, ce n'est pas trop mal fait, car juste avant notre départ, Hannes nous demande de lui faire une coupe de cheveux également.... devrions-nous envisager une reconversion en coiffure?
Nous profitons d'une dernière soirée avec l'équipe pour dire au revoir à tout le monde avant notre départ.
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